Ceci n’est pas un roman.

« Je vous écris de ma langue, tais-toi écoute les bruits du monde ».

Une collection dirigée par François Bon qui laisse carte blanche à de jeunes auteurs et qui permet au lecteur de prendre conscience qu’il existe une "autre" littérature (pas forcément marginale), de s’affranchir du "commun", que les sources de création et d’inspiration sont là pour nous provoquer/confronter. Albane Gellé explore de nouvelles formes de construction de la phrase, par le biais d’une écriture syncopée, qui lui donne une résonance assez singulière. Certains textes sont suivi d’une sorte de petit cadavre exquis qui prend parfois la forme d’un court poème.

« (...) Des gens vivants qui disent le monde le questionnent et le nourrissent en inventant dedans les mots une autre langue que celle molle que celle fausse, des politiques par exemple – une autre langue habitée par des humains et qui s’adresse à des autres différents les uns des autres ».

Il se passe quelque chose dans ce livre. Bougé le verbe, bougé le mot, bougée la phrase. Inévitablement, le lecteur est bougé.

« Pas la peine d’aller très loin déplaçons-nous avec le corps à l’inverse précisément d’être assis devant la télé. En train de disparaître parce que la télé a tendance à faire disparaître celui qui la regarde. Ne disparaissons pas je vous en prie ».

Petit rappel. « Effacement de la mémoire des révoltes, des origines de la langue, énergie mise dans la violence de la violence, la bêtise bientôt sera récompensée. Braves bêtes oui rentables silencieuses et qui marchent dans le rang. Il est grand temps vous ne croyez pas de se tenir ensemble pour de vrai devant bêtise et toutes les laideurs du rouleau compresseur. Grand temps de rassembler les forces de ceux qui veulent vivre vivants uniques et différents... »

Collection « Déplacements » Seuil. 16 euros.