TRAFIC DE LECTURES

Accueil du site > EVENEMENTS > Rolin et Michon au Couvent

Rolin et Michon au Couvent

dimanche 7 juin 2009, par Isabelle


Samedi pluvieux à Paris, des gens attendent devant l’ancienne église du Couvent des Récollets, lieu géré par l’ordre des Architectes. L’église est sombre, belle voûte en berceau, murs non rénovés, caravagesques, comme un décor de théâtre. Assis à côté d’une comédienne qui semble débarquer tout droit du XIXème siècle, avec sa robe longue à petit col fermé et ses bottines à talon bobine, Rolin lit, nous promène dans Paris le cœur en berne, l’œil aux aguets, le verbe vif et clair. Après, il y a les questions. Celle, merveilleuse, d’une admiratrice appartenant à la race des questionneurs qui cherchent moins une réponse qu’une reconnaissance, une absolution de l’auteur : "Quels sont vos rapports avec la langue ?". Après plusieurs questions de ce tonneau, Pierre qui m’a accompagnée là, me dit que pour "un ours", il trouve Rolin plutôt très poli et délicat, il répond avec soin sans toujours savoir exactement à quoi il répond, d’ailleurs, tant les questions sont parfois alambiquées. Puis Michon vint. Avec sa tête d’ermite savant, de maître Jedaï de la littérature. Il est grave. Je l’ai vu boire son thé avant d’entrer, pas un sourire, concentré. Rolin introduit la lecture qu’il va faire, citant Valéry, Hugo, de mémoire toujours. Et Michon lit. La lecture commence, il y a des gens debout au fond de l’église, des murmures, des chut !, Michon dit sa messe. Sacerdotal. Habité.

3 Messages de forum

  • Rolin et Michon au Couvent

    7 juin 2009 20:39
    Et ils ont lu quoi ? on dirait sur la photo que Michon lit du Michon, Les Onze, on peut imaginer. Dis nous-en plus, parle nous de Mathieu Riboulet... Brigitte
    • Rolin et Michon au Couvent 8 juin 2009 08:55
      Rolin a lu des extraits de plusieurs de ses livres, les passages sur Paris. Et Michon les Onze, bien entendu.
      • Rolin et Michon au Couvent 12 juin 2009 21:38

        Je serais un mauvais chauffeur de taxi (l’un de mes premiers métiers avouables a pourtant été chauffeur-livreur au volant d’un Tube Citroën bleu et rouge, hors d’âge). Jamais su le nom des rues de Paris. Je veux dire que j’ai du mal à faire correspondre à un nom un tracé sur la carte. (....).

        N’empêche. Me déplacer dans Paris relève pour moi, sans jeu de mots, du pari et du bricolage. Parler aussi, écrire aussi, et même penser, bien sûr. Tout le monde est comme ça, sans doute. Mais moi plus que les autres, me semble-t-il. Cette difficulté avec les noms des rues m’a toujours paru une de mes faiblesses cachées, et presque honteuses. Presque au même titre que de n’aimer pas Balzac (par exemple). Ce qui m’aide un peu, quand même, ce sont les rues par où ma vie, un jour, a fait un tour, a traîné, un moment, longtemps, et dont je me souviens. A force, il y en a beaucoup. Elles dessinent sur Paris une résille de mémoire aléatoire. Ca permet, en quelque sorte, de s’accrocher aux branches. Rues où j’ai habité, Crimée, Télégraphe, Tombe-Issoire, rue de l’Amiral Roussin où j’ai été à l’école, dans le XVè arrondissement, rues où j’ai tenté, et même quelquefois réalisé des mauvais coups, en général dans l’Ouest de Paris, rues où j’ai rencontré des femmes que j’ai aimées, dans un quartier grec de Montparnasse, au bar d’un hôtel, rues où elles habitaient, où nous allions prendre un café ensemble, le matin, dans le Marais, rues où habitent des amis, rues que j’ai fait figurer dans un livre (très peu : Belleville, la Grange-aux-Belles, il me semble que c’est tout). Si j’avais tué quelqu’un rue la Boétie, il est certain que je saurais y retourner les yeux fermés, mais non. Je n’ai tué personne rue la Boétie (ailleurs, oui ; mais là, non). Dommage. O.Rolin : Rues , Libération, 1 et 2 avril 2006


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette