lundi 19 avril 2010, par Stéphane
Itso, looser magnifique, anti-héros incandescent, magnifié par la caméra de Kamen Kalev. Itso en perdition, en souffrance, en quête d’une sorte de rédemption. Itso, dégingandé, à la bouleversante fragilité. Itso l’inadapté (à moins que ce ne soient plutôt les autres). Il a fait les Beaux-Arts. Travaille dans une petite boîte. Fabrique des étagères. Comme pour oublier. Va récupérer son "substitut". Passe chez le psy. En permanence sur le fil. S’allume clope sur clope. Descend bière sur bière. A du mal avec les sentiments.
Il y a son jeune frère, aux fréquentations peu recommandables, qu’Itso ne juge pas. Cette histoire dans l’histoire qui pourrait tout faire basculer.
Ce film (bulgare) est la preuve bien tangible qu’il existe encore -perdus dans la masse informe des blockbusters (à la con)- des types qui savent faire du cinéma, de ces films qui vous travaillent à l’âme et aux tripes, dont on a du mal à se remettre, mais avec grand plaisir. Des images d’une étonnante fluidité, une superbe lumière qui nous éclaire sur l’ambiance nocturne -un brin interlope- de Sofia.
Quelques minutes d’une finesse absolue dans la dernière partie du film, où le temps semble momentanément suspendu, lorsque Itso erre, au petit matin, dans les rues d’une Sofia encore endormie. Atmosphère éthérée. Musique lancinante. Fulgurances.
Et puis ce truc qui foudroie, au générique de fin.
Quant à Itso, donc, difficile de l’oublier...