TRAFIC DE LECTURES

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Lectures estivales (3).

Le plein de sensations.

mercredi 4 août 2010, par Stéphane

Une littérature qui débarque tout droit des antipodes, quasi inexistante sur les étagères des libraires. Premier roman aborigène (1965). Parfois, ça vaut le coup d’attendre pour tomber sur des trucs pareils.

La 4 ème de couverture, qui résume bien le bouquin : « ...un roman politique, mais aussi l’histoire percutante d’une rédemption, d’une quête des origines. »

Petit aperçu qui plante bien le caractère du personnage, abo métis déraciné... « L’espoir est l’illusion des tocards. Moi, je ne me laisserai plus avoir. Je me fous de tout. Je me suis endurci afin qu’aucune émotion bidon ne puisse jamais plus m’effleurer. J’agis dans la vie comme dans un rêve. Acteur et spectateur en même temps. Limite schizo. J’arrive à m’extirper de moi-même pour me regarder agir. »

Un livre découpé en trois parties, rythmé par d’inévitables flashbacks.

La trouille de sortir de taule. L’apprentissage souvent difficile du "dehors". « La prison est ma seule chance d’obtenir trois repas par jour ainsi qu’un bon lit. »

Cette confrontation avec l’extérieur qui le perturbe, irrémédiablement. La rencontre avec la nana sur la plage et ses potes étudiants, qui se la jouent marginaux pour certains...Et lui, l’écorché vif dont la pensée reste malgré tout fluide... Pas totalement fataliste : « Je nourris cependant l’espoir infime qu’un jour, une personne saura m’écouter et me comprendre un peu. » Tiens, ça résonne...

Et puis : « Je sais maintenant qu’espoir et désespoir sont aussi absurdes l’un que l’autre. »

(...) « Le juke-box, boîte de métal, de lumière et de verre, est au centre de toute l’attention, dieu compact révéré et nourri par des jeunes sans attaches désireux d’emplir le vide de leurs existences par des histoires d’amour illusoires. »

Cette "rencontre" avec Beckett, Godot, pas innocente, qu’il feuillette au hasard. « Non non. On n’a qu’à recommencer. - Ça ne me semble pas bien difficile, en effet. - C’est le départ qui est difficile. - On peut partir de n’importe quoi. - Oui, mais il faut se décider. - C’est vrai. »

Mais pas moyen de rester les bras croisés...

Poétique, existentiel, fulgurant. Faut s’y aventurer, j’en dirais pas plus.

Bon, je sais pas trop pourquoi mais, après tout, j’en avais envie : « L’homme est une corde tendue entre l’animal et le surhumain, une corde par-dessus un abîme. »F.Nietzsche

Asphalte. 16€.


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