
Je pourrais, pour me lancer dans ce nouvel espace qui m’intrigue un peu, dire deux ou trois mots d’un p’tit film français très émouvant d’Aurélia Georges "l’homme qui marche", clin d’oeil bien sûr à Giacometti ; c’est d’abord une silhouette (l’acteur César Sarachu), soumise aux privations alimentaires, déambulant dans un Paris qui se fait de moins en moins accueillant...Sous cette silhouette habite un écrivain, soviétique d’abord et là il intéresse les cercles "intellos", puis russe, et on sent bien qu’une fois le Mur tombé, les consciences occidentales penchent pour d’autres causes. Il fréquente les cafés célèbres, croise des éditeurs, refuse d’écrire sur commande, tente de faire du fric en vendant des photos de Lacan, ne paie plus sa chambre d’hôtel, se retrouve dans un squatt, puis sur les bancs, bref on connaît le circuit et la silhouette maigrit, maigrit, tout en gardant une extrême dignité. C’est un film très beau, réalisé avec de petits moyens sous la férule de Pascale Ferrand, qui traverse les deux ou trois dernières décennies et porte un regard acide sur ce qu’est devenu St Germain...L’histoire est inspirée de la vie de Vladimir Sepian, auteur d’un seul livre (publié).