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Boxing Parade : le noble art selon Pascale Bouhénic

jeudi 17 mars 2011, par Isabelle


On n’a pas idée. Écrire sur la boxe, bon, d’accord, il semble même que la boxe revienne en force, tous ces films sortis ces temps-ci, qui en parlent... Mais on imagine mal Pascale Bouhénic, toute de douceur brune, élégante et souriante, passionnée de combats de boxe. Comment ose-t-elle ? Cette fois, après L’Alliance qui mettait aux prises Mohammed Ali et une femme au foyer, ce n’est pas un mais dix boxeurs (enfin, disons 9 1/2, je me comprends) qu’elle met en lignes. C’est vrai, l’écrivain peut tout. L’écrivain n’a pas de genre quand il écrit, il peut les prendre tous s’il connait bien son affaire. Mais ce n’est pas tout. Dix vies de boxeur, comme dix nouvelles ou plutôt dix poèmes. Carrément. Alors ça donne quoi, des vies de boxeurs en vers libres ? En fait, beaucoup de naturel et de fluidité. On se dit finalement que souvent c’est la prose qui fait des manières. Ici, tout coule de source, chaque vie est une histoire, un conte, une fable, les rimes et les assonances ne sont ni recherchées ni évitées, elles ponctuent par endroit ajoutant leur petit effet, sans fausse modestie. Le poème est un fil tendu depuis la naissance jusqu’à la fin. Sa forme qui oblige à une petite gymnastique pour relier un vers à l’autre maintient notre attention, notre vivacité de lecture. Bien sûr, au début, il faut s’habituer. Mais c’est ce que j’aime dans un livre : le sentiment d’y débarquer au début comme en terre inconnue et peu à peu d’en apprendre la langue, d’y trouver mes repères et finalement d’y circuler comme chez moi. Les lieux trop communs m’ennuient. On s’y retrouve vite dans Boxing Parade, parce qu’ici tout est fait pour que vous vous sentiez à l’aise, l’écriture est souriante, précise, imagée, simple aussi, elle ne cherche jamais à vous impressionner, sans édulcorer son sujet : on parle bien de violence, de coups, de combats, de naissance et de mort, de gloire et de déchéance. Mais sans effets de manche. Cela ressemble aux paroles des chansons de Bob Dylan et autres folk singers raconteurs de destins exemplaires. Chansons de geste ou de griots, élégies, en creusant je suis certaine qu’on pourrait trouver beaucoup d’antécédents à ce défilé. On y voit l’Amérique noire, l’Amérique blanche, Londres à la fin du XIXème siècle, la France des ouvriers, chaque vie est un monde dont la boxe est le moteur, le révélateur, le perturbateur... Il n’est pas interdit d’y trouver des pistes plus profondes de réflexion, des références, une érudition littéraire et cinématographique. Mais tout cela est sous-jacent, discret, léger. Et s’il faut retenir une phrase, je pense à celle-ci, qui revient sous plusieurs formes, et qui dit qu’il faut bien raconter, "puisque la vie n’écrit pas".

Boxing Parade Pascale Bouhénic éditions de l’Arbalète

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