DES FEMMES

Je me suis félicitée cette semaine de vivre dans une agglomération où on a une vraie culture du spectacle "engagé" et où un maire peut ainsi prendre des risques théâtraux et humains. Ce n’est pas rien, en effet, au vu des réactions virulentes qui ont amené les villes sus nommées à renoncer à produire ces pièces, que d’offrir une vraie scène à un spectacle qui méritera, quand il sera un peu plus rôdé, les plus grands théâtres ou opéras francophones. Il y a dans ces trois pièces de Sophocle, une universalité du drame qui nous scotche d’autant plus que la présence de Bertrand Cantat incarnant le chœur antique, souligne, à chaque apparition, la contemporanéité du texte. C’est beau et troublant d’entendre la voix de Cantat, tantôt lancinante, tantôt tonitruante, tantôt rock and rollante, tantôt lointaine, nous rappeler la complexité de l’âme et de la condition humaines. Réussissant la performance d’incarner plusieurs rôles sur les trois pièces, les "vrais"acteurs y sont magnifiés par la mise en scène audacieuse de Wajdi Mouawad. Le spectacle est donné en trois représentations quotidiennes ou sous forme d’intégrale de six heures : choisissez la formule qui vous convient, mais courez-y si, par chance, il se produit près de chez vous. Si vous devez faire un choix, il faut convenir qu’Antigone reste la plus admirable de ces trois pièces constituant le spectacle Des Femmes. Brigitte