Cocktail littéraire.

Tout d’abord, un petit post-scriptum : Isa, toi qui as déjà savouré le doux breuvage du Jajakistan, je sais que tu me pardonneras ces quelques lignes un brin confuses...

Une écriture que je qualifierais, si je peux me permettre - d’ailleurs je le fais - de poético-cinémato(graphique).

En guise d’ouverture, un court chapitre assez troublant où les images se forment au rythme de l’écriture. Description d’une scène irréversible.

Dans ce livre "géographique(*)", au style très personnel qui contraint - dans le bon sens du terme - le lecteur à abandonner ses repères, D. Dupart nous balade dans le quartier parisien de la rue Myrha dans le 18ème, près du boulevard Barbès. C’est dans cette "zone" que l’on fait connaissance avec les individus que côtoie l’héroïne, les turpitudes d’un quotidien peu reluisant, pour nous amener par la suite outre-Atlantique, dans la boîte de jazz Tonic, à NewYork. Autre lieu, autre ambiance. (Pour autant, Myrha Tonic n’est pas un oxymore)

« Des contours de géographie physique. Des lignes vertes ramifiées en chinoiseries fluorescentes qui s’étalent à chaque passage du dealer. »

Quelques pirouettes dialectiques, dont une pour ne pas nommer l’héroïne du livre : « Hé Son Prénom Sais-tu... » Des didascalies insérées dans le texte, pour mieux le rythmer, pour lui conférer, why not, une certaine théâtralité. Une écriture syncopée, radicale, free comme ce jazz de John Zorn, qu’elle cite (Live at Tonic, 2001, par exemple), et qui visiblement l’inspire.

Bref, une expérience sensorielle atypique qui mérite qu’on lui accorde du temps.

« Des accélérations. Des sons démarrés. Des sons coupés. Des mots qui flottent », c’est peut-être ça, après tout, Myrha Tonic .

(* Quelques petits passages m’ont fait penser au Zones de Jean Rolin, pas celui d’Apollinaire, sans le s d’ailleurs.)

Léo Scheer. Laureli. 16€50.

PS bis : bon, je vous l’accorde, j’ai pas raconté grand chose mais ça devrait susciter la curiosité ( ?!)