TRAFIC DE LECTURES

Accueil du site > ROMANS EN FRANÇAIS > Loin de la foule déchaînée *.

Loin de la foule déchaînée *.

lundi 5 décembre 2011, par Stéphane


L’érémitisme temporaire arrosé de vodka et de Tabasco rendrait-il fou ?

Sylvain Tesson a arpenté la planète, en mouvement. Le voici résolu pour un temps (6 mois) à la sédentarisation. Dans sa petite cabane, sur les rives du lac Baïkal, gelé, il emporte avec lui de quoi manger, de quoi boire et, inévitablement, de quoi lire.

« Quand on se méfie de la pauvreté de sa vie intérieure, il faut emporter de bons livres : on pourra toujours remplir son propre vide. »

Ce livre grouille d’une ribambelle de formules, d’aphorismes divers et variés, d’anecdotes hilarantes, mais également de quelques petits coups de spleen (une plaie qui s’ouvre par l’intermédiaire d’un maudit téléphone satellite resté muet jusque là).

La rudesse du climat associée à celle de ses "camarades" qui ouvrent les portes à coups de lattes. En Sibérie, on ne plaisante pas avec l’alcool : les bouteilles de bière font en général trois litres, et la vodka fait -souvent/accidentellement- office de thé !

« La cabane remplit la fonction maternelle. Le danger est de se trouver trop bien dans sa tanière et d’y végéter en état de semi-hibernation. Ce penchant menace bien des Sibériens qui ne parviennent plus à quitter l’atmosphère de leur cabane. Ils régressent à l’état d’embryon et remplacent le liquide amniotique par la vodka. »

Quelques péripéties, notamment ces foutus notables russes du parti de Poutine venus planter leurs tentes pas très loin.

« Ce que je suis venu fuir s’abat sur mon îlot : le bruit, la laideur, la grégarité testostéronique. »

Sylvain Tesson est toujours partant pour se fourrer dans des situations inconfortables, comme pour mieux appréhender la nature, ses joies comme ses turpitudes.

« En Russie, tout s’accomplit dans la précipitation : la vie est un endormissement coupé de spasmes. »

Dans les forêts de Sibérie. Gallimard. 17€90.

*Emprunté au titre du magnifique film de John Schlesinger, Far from the madding crowd (ni plagiat, ni intertextualité, donc).

Répondre à cet article


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette