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PRIX DE L’EYRE 2015

et les dixièmes rencontres d’un prix littéraire fantôme

mercredi 1er juillet 2015, par Brigitte

Cette année était une année de double anniversaire : dix ans que nous nous connaissons, piochés au hasard entre quelques 4000 lecteurs tout aussi émérites que nous, sans aucun doute - et c’est déjà extraordinaire-, mais ce qui l’est plus encore, c’est que nous organisions notre dixième prix littéraire, toujours clandestin et erratique, nos dixièmes rencontres annuelles où la soif de lectures nous entraîne vers les territoires exigeants des autres.

" On déroge, on déroge mais pourquoi pas ?" On vote ? Qui veut Tristesse de la terre ? Le Président a-t-il fait signe ? J’arrête mes questions  ?"

Et bien, oui, le Prix de l’Eyre, est allé, sans trop de débats cette année, à Tristesse de la Terre : quel beau titre, mais quelle drôle d’idée pour un cadeau d’anniversaire ! C’est finalement un bel exemple de ce qu’est, au fond, la littérature : qu’importe le sujet (entre nous, on s’en moque un peu de Bill Cody) mais ce que nous avons retenu c’est la mise en lumière de ce personnage plutôt fantasque et vraiment salaud, son ascension sous les roulements de tambour, son obstination à aller au bout d’une entreprise abjecte, son ambiguïté et surtout le spectacle du monde qu’il nous révèle. Chaque fois que je pense à ce livre, me vient l’image d’un clown triste, juché sur une boule de cirque, déséquilibré. Et cette question : qu’est-ce qui se cache derrière les paillettes, derrière le salaud ? Ce que nous dit Tristesse de la terre, c’est que le salaud est au fond un homme ordinaire, c’est à dire opportuniste et cupide, qui sent venir le goût du voyeurisme et de la satisfaction dans un pays qui en a fini avec sa première besogne de conquête, qui sent aussi qu’il peut tirer sur la même ficelle dans l’Europe d’après guerre ; un homme qui souffre aussi par moments, mais à qui la souffrance n’enseigne rien puisqu’il s’affranchit de celle des autres pour faire tenir le masque de son ego. Finalement Buffallo Bill ressemble à tout un chacun et je pense que c’est la raison pour laquelle nous avons retenu ce livre parmi les dix que nous avions proposés et qui étaient tous très bons. Nos dix ans ont aussi vu poindre un nouveau livre, réalisé par Isabelle qui a attrapé au vol quelques belles phrases, saisi de beaux moments de partage, retrouvé des messages oubliés, brossé nos portraits. Notre président y est à l’honneur, sa préface fait chaud au coeur, et sa présence parmi nous, bien réelle cette année, a scellé nos liens. Nous aurions aimé, en retour et en guise d’anniversaire, l’accompagner jusqu’à la soirée de gala de France Inter...Ce ne fut qu’un dîner de soutien à la cantine de Mr Li et une déception partagée au Paprika. C’est peut-être mieux comme ça, l’aventure n’étant pas totalement bouclée, on peut repartir pour un nouveau tour de grande roue.

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