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Journal météorologique : Jean Pierre Amette

samedi 28 mars 2009, par Brigitte

Dans Libération du jeudi 26 mars, mon regard est attiré par la jaquette de ce livre sur laquelle un magnifique nuage annonciateur de pluie, est traversé par le rougeoiement du soleil. Je pense forcément à La théorie des nuages de Stépahne Audeguy, donc je lis plus avant et je trouve ceci : " J’ai loué une maison dans une presqu’île. Cette demeure blanche surplombe une baie et un port". Trois personnages dans ce roman ( ?) : le narrateur et son amie Ariane, et puis l’Ecrivain, "notre Swann, notre visiteur du soir. L’Ecrivain est en train de rédiger (cet été là), quelque chose de mystérieux sur un chasseur de lions". Je me dis, tiens, j’ai déjà lu une histoire de chasseur de lions..., et cet Ecrivain, décidément, habite les livres des autres.

Résumé - Journal Meteorologique Juin en Bretagne. A la lisière de l’été. Une maison de location dans une presqu’île. Un homme contemple les nuages, la mer, le ciel, les lumières. Il est accompagné d’une femme. La terrasse agit comme un kaléidoscope. Tous les éclats, les variations lumineuses et sentimentales sont ainsi capturés par le narrateur qui, au fil des jours, semble s’alléger et se détacher du quotidien. Le sujet de ce journal autobiographique c’est la beauté et l’inaccessible peinture de la lumière. Tout y est sensuel, retenu, pudique, épuré. De temps à autre, " l’Ecrivain ", un ami du couple, s’invite dans la maison et c’est alors le temps de conversations autour de la navigation, de la littérature. Il y a dans ce récit magnifique des atmosphères à la Antonioni et à la Bergman. Tout est à nu, les décors, les âmes, les corps. Ce journal d’une villégiature est le récit d’une contemplation océanique. Et le texte d’un grand écrivain. " Quand on ouvre les fenêtres, la calme beauté de la baie éclaire ; le soir, les lumières de l’autre rive scintillent. On se demande d’où vient l’éclat blanc, intermittent, flashé, qui s’allume à la tombée de la nuit... Souvent, à l’heure du dîner, nous recevons la visite de l’Ecrivain . C’est notre Swann, notre visiteur du soir. Il nous a fait connaître cet endroit. Nous nous asseyons vers 9 heures et nous buvons en regardant ces petites lumières de la rive en face, avec ce que nous devinons des gens enfermés dans leurs étroites maisonnettes. L’Ecrivain observe les courants, les nuages, la position des voiliers, le passage d’une barge ou d’un chalutier avec des feux de position si doux qui se balancent et s’éloignent. " Jacques-Pierre Amette, romancier, auteur dramatique, critique littéraire est notamment l’auteur de Jeunesse dans une ville normande, Confession d’un enfant gâté, de La maîtresse de Brecht (Prix Goncourt 2003). Il a également publié à la Série Noire sous le nom de Paul Clément.

2 Messages de forum

  • Forcément, en vraie "rolinomane", j’ai lu ce livre. Forcément je l’ai trouvé très beau. Bien sûr en raison des visites de l’Ecrivain qui en scandent la lecture et dessinent, en creux, le portrait d’un homme à la fois « ordinaire » dans certaines de ses occupations (plier les draps, repeindre son bateau, manger des bigorneaux, surveiller la construction d’ un sauna) et tellement « écrivain » (lire, boire du bordeaux et déclamer du Chateaubriand face à la mer, écrire jusqu’à pas d’heure, imaginer la vie des gens dans leurs petites maisons, évoquer les plages perdues du Pacifique, se demander comment décrire une botte d’asperges). Mais pas seulement. Les mouvements du parking, les lessives qui battent au vent, les repas que l’on dresse, les siestes, les lumières de onze heures, les marottes du voisin, la lecture des journaux, les va et vient d’un hameau, les groupes d’adolescents sur la plage, les marées qui laissent toujours quelque eau stagnante entre deux pierres, disent de manière tellement belle l’enchaînement des jours d’été que l’on se plaît à rêver de grandes vacances. Ce qui n’arrive pas quand on a des enfants qui font s’accélérer le temps, mais les trois personnages de ce livre n’ont pas ou plus d’enfants qui les houspillent sur des petites choses agaçantes comme démêler les lignes de pêche...Il y a une telle nostalgie dans l’évocation de ces moments fugaces où les enfants ont encore besoin de nous, que l’on se retrouve le visage mouillé comme par un jour de fine pluie en Bretagne. Et filent les nuages...Brigitte

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