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Claro dans les sous-sols du Petit Palais

jeudi 16 septembre 2010, par Isabelle


Mercredi 15 septembre, 13h, Auditorium du Petit Palais, Claro est le premier invité des Rencontres organisées par La Maison des Écrivains et de la Littérature au Petit Palais.

C’est sûr, on le verrait plutôt au fond d’un bistro entouré d’une bande d’amis bavards, mangeant, parlant, buvant, discutant et gesticulant tout à la fois, que là, sur scène, sagement assis comme un bon élève au premier rang derrière son pupitre, à côté d’Alain Nicolas le critique littéraire de l’Huma. D’ailleurs, il regarde partout, ses mains s’agitent, ses doigts tapotent la table (en quête de clavier, cannibale ou pas), il se frotte les bras. Écrivain en cage. Pourtant, le dompteur n’est pas brusque, plutôt le genre admiratif, soucieux de faire partager les trésors du texte, quitte à le paraphraser ou à s’égarer de sujet en sujet, laissant les quelques auditeurs studieux de l’Auditorium un peu perdus. Dire que je suis venue en avance, persuadée que pour entendre un écrivain de cette envergure il y aurait foule, naïve que je suis.

Dans le maquis des questions et des réponses, voilà ce que j’ai glané, en désordre :

"je n’écris pas des romans, je fais des livres. Même si je plonge mes sujets dans la fiction romanesque pour voir ce qui va arriver." "Oui la magie fait partie de mes obsessions." "Je cherchais un fil conducteur pour raconter les 50 premières années du XXème siècle, le livre de Franck Baum, Le Magicien d’Oz, me l’a fourni." A propos de la scène de l’ablation de la tumeur sous la langue du petit Franck Baum, au début du livre : "il s’agit de crever la langue. ça explose, on ne sait pas ce qui va sortir, des spores, de la poussière d’or, des fantasmes…" "Ce sont des indésirables. Des personnages en quête d’humanité dans un monde qui nie la valeur de ce qui est humain."

Il parle beaucoup de machine, il utilise le verbe "machiner" et c’est vrai que ses livres sont des machines dans lesquelles le lecteur s’installe et fournit l’énergie pour faire avancer le texte. C’est ce que j’aime chez Claro, cette lecture physique (il en parlera), faite de rythme, de mouvement, de matière, de couleurs, de sons, de sensations, ce ne sont pas des livres ce sont des installations où l’on s’aventure, des machines volantes comme celles des films de Miyazaki, brinquebalantes et indestructibles, aléatoires et performantes à la fois. On ne se laisse pas porter, il faut rester éveillé, actif, d’ailleurs si on s’endort le texte vous explose dans les neurones au détour d’un paragraphe (sursaut : mais je suis où là ? Qu’est-ce qui se passe ? On est déjà arrivé ?) ou continue sans vous, ne reste plus qu’à courir après, attraper la poignée et remonter dans le train d’une bonne détente.

Ce qui empêche de lâcher l’affaire, aussi, c’est l’humour, le jeu avec la langue, qui rend le lecteur connivent, souriant, reconnaissant. On bosse, mais on est bien considéré par l’auteur, ce qui fait toujours plaisir. Claro parle aussi de sa volonté de faire une littérature "du devenir" plutôt que "des origines", des livres comme des organismes où tout évolue, se transforme, mute, en toute indépendance vis-à-vis des livres précédents et de leur auteur. Mais là je sens que je deviens confuse, je vous renvoie à l’excellent dossier du Matricule des Anges sur Claro, ce mois-ci, ou à l’enregistrement de cette rencontre que l’on pourra bientôt trouver sur le site de France Culture (je rajouterai le lien quand ce sera en ligne).

Bon, et le livre alors ? Je n’ai pas fini CosmoZ encore, à suivre donc.


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