BORDEAUX-VINTIMILLE
Ceci n’est pas une fiction
samedi 9 février 2013, par Brigitte
On ne peut pas oublier cet horrible crime (le terme de fait divers me semble bien inapproprié), survenu dans un train il y a presque vingt ans dont Jean Baptiste Harang, alors chroniqueur judiciaire pour Libération, avait couvert le procès. Presque vingt ans après, il revient sur cette affaire qui lui a sans doute provoqué quelques cauchemars.
Prenez trois ou quatre gars presque ordinaires : un breton, un fils de pied noir, un charentais fils de quincaillier, un espagnol. Ils font connaissance sur un quai de gare à Bordeaux, arrosent tout de suite copieusement leur rencontre puisqu’un destin commun les conduit à Aubagne où ils doivent intégrer la légion étrangère, et, chemin faisant ou plutôt ni une ni deux, décident de se faire un arabe ; un jeune algérien timide, tout juste arrivé en France pour des raisons sentimentales, et qui n’a pas osé dire son amour à sa correspondante bordelaise, d’où sa présence dans le train qui le ramène à Marseille. C’est donc un pur hasard qui fait se croiser dans un train de nuit ces quelques protagonistes. Leur voyage commun s’interrompra une heure et demi plus tard , à Montauban, lorsque le jeune algérien sentimental sera éjecté. Il n’y a point de suspens, tout le monde connaît cette histoire ; l’intérêt du bouquin de JB Harang c’est qu’il l’a vécue de l’intérieur, à travers le procès, mais aussi en remontant la chaîne des témoins muets, figés par l’effroi de ce qui se déroulait dans ce train. Il n’entre pas dans la psychologie des protagonistes mais relate les faits tels que l’enquête et les procès les ont mis à jour et c’est en soi un vrai roman. Un récit, précise-t-il en postface, où les images affluent sur le lecteur à la vitesse d’un paysage vu de la fenêtre d’un TGV.