vendredi 3 octobre 2008
Annie Ernaux : un soir, nous sommes allés grâce aux places réservées par Hervé, écouter Emmanuelle Devos lire "La Place". Déception, pourquoi ? Le ton lisse et plat aurait dû convenir. Le texte tient toujours la distance. Mais il y manquait l’âme du texte. On entendait la voix de la comédienne et pas celle du texte.
Ah, il était bien ce déjeuner (quoiqu’un peu frais aux pieds), avec notre président très en forme, Enard venu le rejoindre et tracer un signe perse pour Stéphane tout en disant que lui, le Brésil, ça ne l’intéresse pas…
La rencontre avec Régis Jauffret fut l’un des temps forts de Manosque pour nous. A cause de sa manière de parler, de la façon dont il lut son texte, posant le livre par terre pour en tourner les pages, se relevant, s’agenouillant comme pour une curieuse cérémonie du souvenir… Et aussi par la manière nette et élégante dont il sut répondre à une interlocutrice agressive. Vive Jauffret.
Est-ce qu’on ne dirait pas un élève de Terminale (Patrice Pluyette) écoutant sagement son prof de philo (Yves Pagès) ?
Yves Pagès, dense, concentré, un peu mal à l’aise en entendant quelques pages de son livre lues "en mettant le ton", par des lecteurs plein de bonnes volonté mais un peu scolaires (Patrick ! Où étais-tu !) et Pluyette charmant, ravi, lui, de voir la petite dame blonde à toison de caniche avec sa voix de vieillle petite fille s’amuser de son texte virevoltant.
Au florilège parfait de Brigitte, pour traduire l’ambiance si particulière de Manosque, à mi-chemin entre réalité et fiction durant quelques jours, j’ajouterai pour conclure une phrase que Catherine a dite, magnifique : "Je ne vous ai pas déjà vu dans un roman ?"
photos : Brigitte.