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Paris en Toutes Lettres : extraits

lundi 14 juin 2010, par Isabelle


Voir en ligne : Festival Paris en toutes lettres

Le bonheur -et le problème- avec Paris en Toutes Lettres, c’est la richesse du programme qui vous met dans un état alterné de jubilation-frustration devant tout ce qu’on peut voir, ce qu’on voit et ce qu’on manque. Je sais bien que c’est voulu. N’empêche que dans un monde idéal, il faudrait que le Festival se répète. A une semaine d’intervalle, avec exactement le même programme. On pourrait ainsi recommander ce qu’on a vu de bien aux autres et aller voir ce qu’on regrette d’avoir manqué. Ce serait beau, tout de même, de pouvoir rejouer, non ? Bon, en attendant, voilà quelques aperçus de mon marathon littéraire, qui finalement s’est concentré sur les événements ayant lieu au Cent-Quatre, lieu énorme et magnifique se prêtant extrêmement bien à l’esprit Festival. Une ville dans la ville. Cela permettait de naviguer à pied d’une salle à l’autre et d’optimiser ainsi le temps passé…

Frédéric Forte lit (No) Comments (aux éditions de l’Attente). À pleine voix, avec un bel accent du sud de la Loire. Frédéric Forte est un poète oulipien, il a donc l’art de la formule, le goût du partage, l’humour en coin. Il était l’un des animateurs des ateliers de l’Oulipo qui avaient lieu tous les après-midis. voilà le blog qu’il a ouvert lors de sa résidence à la librairie Le Comptoir des Mots (Paris 19e) : http://poete-public.blogspot.com/

Jacques Jouet, oulipien, nous a gratifié de l’une de ces conférences dont les oulipiens ont le secret (je me souviens d’un article savant écrit par Perec, je crois, à propos de la balistique du lancer de tomates mûres sur cantatrice). Il s’agissait ici d’une exégèse de la poétique Grand Singe. Nous avons eu droit aux poèmes Grand Singe lus par Hervé Le Tellier dans son costume (il a très vite ôté la tête de gorille, trop étouffante, mais son apparition a fait sensation). J’en ai vu qui pleuraient de rire dans la salle. Relevé au vol : "les grands singes sont capables de tout puisqu’ils écrivent des poèmes."

Sur la grande scène du 104 on recevait quelques sommités. Dont Enrique Vila-Matas (à gauche), l’auteur, entre autres beaux livres, de Paris Ne Finit Jamais (où il raconte son débarquement à 20 ans dans Paris, louant par hasard une chambre de bonne à Marguerite Duras…). "Je suis un personnage en fuite de tout ce qui est familier" a-t-il dit en français avec son bel accent aux couleurs hispaniques. France Culture lui a consacré une soirée enregistrée au 104

"Une rentrée d’avance" proposait d’entendre en avant-première des extraits de livres à paraître en septembre. Belle initiative, qui me permit d’assister par exemple à une excellente lecture d’Olivier Adam avec accompagnement musical. Un futur roman à la première personne, très empathique (comme toujours chez Olivier Adam), autour d’un deuil non cicatrisé (thème éminemment Adamique), dans une langue simple et forte très bien portée par les musiciens. Olivier Adam a le talent de ces chanteurs populaires qui racontent des histoires simples avec des mots dans lesquelles tout le monde se retrouve.

Antoine Volodine, cette fois, accompagné de deux comédiens (parfaits) lisait pour "Une rentrée d’avance"des extraits de ses trois prochains livres à paraître sous 3 noms différents. Volodine, dans son éternelle veste en cuir noir, montrait toutes les facettes de son talent : incantatoire, lyrique, mélancolique, humoristique aussi (il lut une longue suite de "remerciements" comme les écrivains en publient à la fin de leurs livres, à l’ironie mordante). Son objectif avoué : rafler tous les prix en septembre !

Je feuilletais Contre Les Bêtes de Jacques Rebotier (une diatribe pour convaincre qu’il faut se débarrasser de toute la faune en bloc pour la plus grande gloire de l’homo capitalisticus…) sur le stand du libraire au 104 quand le libraire me prévint que l’auteur allait justement le lire en direct, là, dans quelques minutes… J’ai donc découvert ce curieux personnage, excellent acteur, qui commença son texte en apostrophant les passants : "Disparaissez ! Apparaissez ! ". Autres extraits pour donner la tonalité : "Ils comptent un peu trop sur l’univers-providence, je dis. Les lucioles et les vers luisants, c’est pas des gagnants." Pour les curieux, un petit tour sur son site.

C’est à cause de Stéphane (Voir l’article "Fantaisie littéraire" dans la rubrique Romans en français) que je me suis glissée en cours de route dans la salle où sévissait Charly Delwart. Je vois alors ce beau jeune homme lisant avec beaucoup de talent, sur scène, je me dis que ce jeune auteur est juste un peu trop théâtral pour un écrivain… et je découvre à la fin qu’en fait il s’agissait bien d’un comédien, Nicolas Martel, lisant Charly Delwart qui lui se tenait au fond de la salle, debout à côté de moi en train d’écouter son texte… Ce gars-là a quelques parentés avec les auteurs de l’Oulipo je trouve, avec ses listes fantasques et justement observées, son sens de l’humour et du décalage.


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