J’aime bien les O.L.N.I. (Objets Littéraires Non Identifiés).
vendredi 11 septembre 2009, par Stéphane
Penchons-nous sur « Kart ».
Un livre porté par une écriture au rythme surprenant, à la phrase travaillée, comme disséquée, où références littéraires (orwelliennes ?), cinématographiques et musicales se côtoient. C’est parfois violent, le verbe se fait âpre, le système narratif est assez singulier, mais il faut dépasser cela et accepter de se laisser balader dans cet espace chaotique où réalité et fiction forment un couple déstabilisant. Certains passages pourraient faire grincer des dents, mais que dire du flot d’images et d’informations dont le petit écran abreuve quotidiennement le vulgum pecus.
« Il retient un oxygène raréfié, dérobé à la violente contraction de l’atmosphère ».
Le personnage central du livre, comme endoctriné, oeuvre pour les arcanes du « Centre », comme pris dans un engrenage d’où va naître un parcours "initiatique" des plus troublants (le spectre de Malcolm McDowell rôderait-il dans les parages !?). Il ne sera pas seul dans ce périple, plongé en immersion dans la nature, dans les veines du monde.
Frédric Junqua s’attaque au système central pour le moins labyrinthique de l’Homme : le cerveau. Celui-ci pouvant s’apparenter aux ramifications complexes d’un outil informatique. On a (souvent) la sensation d’évoluer dans une sorte de représentation allégorique de la société actuelle, dans un système qui voudrait, par le biais d’artifices plus que discutables, sédimenter la pensée. Quelle issue à tout cela ? Y-aura-t-il un événement salvateur ? Une lumière au bout du tunnel ?
« L’invention sur le tard d’une nouvelle génération de patches consacre l’industrialisation de puissants narcotiques sous le couvert des secteurs de la pharmacie et des loisirs, qui les écoulent dans un délire de marketing situationniste ».
Un premier roman atypique, un brin "baroque", qui ne peut laisser indifférent.
(À souligner : le choix judicieux de la photo de couverture.)
"KART". Frédéric Junqua. Laureli/Léo Scheer. 14 euros.