TRAFIC DE LECTURES

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« Personne ne doit savoir ce que nous sommes. »

lundi 1er novembre 2010, par Stéphane

Je suis tombé (presque) par hasard là-dessus, dans le maelström de la Rentrée Littéraire...

Le 2 juillet 1944 est parti de Compiègne un des derniers trains de déportés. Le dernier train de Compiègne à Dachau. Dans ce train avaient été entassés deux mille cent-soixante six hommes. Cinq cent trente-six d’entre eux ne survivront pas à ce terrible trajet.

Difficile de parler d’un tel livre, remarquablement bien écrit par Arnaud Rykner, d’en raconter la quintessence, tant il se suffit à lui-même. Un (long) monologue intérieur à la terrible puissance évocatrice, qui secoue, qui remue. Respiration retenue. Souffle coupé. Ici, on n’est même plus dans le vil credo exploitation de l’homme par l’homme, on est dans le pire, dans l’abject...quasiment dans l’innommable, dans ce qui suscite inévitablement l’incompréhension.

Quelques passages.

« Contrairement à ce que je pensais, la mort des autres m’est plus atroce que la mienne. Parce qu’elle est pire que ma mort, qui n’est qu’une idée de ma mort, alors que la mort des autres c’est ma mort vécue, c’est ma mort au présent, regardée, écoutée, auscultée avec horreur. C’est moi disparaissant me voyant disparaître. »

« Nos visages comme nos corps commencent à ne plus ressembler à rien ; ou plutôt ils se ressemblent dans le rien. Nous devenons tous semblables. Nous ne sommes plus qu’un tout, un tas indéfini. Ce que nous étions, ce qui faisait de nous des individus, des visages singuliers, commence à s’effacer. »

« Quoi que nous soyons, quoi que nous fassions, nous serons toujours plus forts qu’eux car nous sommes plus humains. »

Éditions du Rouergue. 15€.


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