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"L’HOMME QUE L’ON PRENAIT POUR UN AUTRE". Joël EGLOFF.

mardi 18 mars 2008, par Stéphane

Un univers à part entière, tout aussi poétique qu’onirique.

Le fait d’accompagner cet homme, sorte de anti-héros qui ne semble pas persuadé lui-même de sa propre existence [p 106 : « Car ce qu’ils voulaient savoir...c’est une chance qu’ils n’aient pas osé me le demander car c’est le genre de question à laquelle je me sentais de moins en moins capable de répondre ».] dans cet univers de l’ « absurde » m’a bien plu. Car on ne sait rien de lui, de sa propre existence. Il n’existe qu’au travers des autres, de l’existence beaucoup plus ”tangible” de Joseph, de sa voisine du dessous, de ce pauvre facteur et des autres personnages, qui parfois même ne le reconnaissent plus, comme la gardienne de l’immeuble vers la fin du livre. Il le dit lui-même, page 114 : « J’ai un visage que l’on oublie facilement ». Ou encore, page 131 : « (...) je te sens ailleurs... », « ... où veux-tu que je sois ? ».

Il y a dans tout ça peut-être aussi cette métaphore sur la fragilité des sentiments, cette difficulté à communiquer dans ce monde de l’individualisme poussé à outrance.

Et puis toute cette poésie, donc : les éclairs trop grands pour entrer dans le boîtes ; la tante qui pense que les américains ont débarqué sur la lune et lui de lui répondre : « c’est sans doute pour faire diversion » ; l’escarbille et cette idée d’avoir perdu la moitié du monde. En parlant des lettres, page 138 : « J’aurais pu les lire dans le noir complet, même, puisque je les connaissais par coeur ». Le dernier paragraphe de la page 49 : l’exploitation des idées stupides. Excellent. La « fermeture exceptionnelle de quelques minutes » du cordonnier. Mirna, la seule personne pour laquelle il peut se faire sa propre image, idéaliser, fantasmer, rêver un peu, vraisemblablement. L’ ”obsolescence des choses” : « Je me suis redressé dans mon lit et j’ai tendu l’oreille encore, et, mis à part ce robinet qui goutte depuis des années, rien que le silence ». J’en oublie certainement.

Et puis, en me fabriquant des images, j’ai pensé par moments aux films de Roy Andersson, « Chansons du deuxième étage », « Nous, les vivants ». Mais aussi à « Elling » de Peter Naess, encore un film nordique. Aux images oniriques de Gondry également, et bien entendu à « L’homme sans passé » du génialissime Kaurismaki. (Je sais, je suis super influencé par le cinéma).

Drôle, émouvant, poétique.

A bientôt, Joël, pour de nouvelles aventures !!!

1 Message

  • Je n’ai pas encore lu le dernier livre de notre lauréat, mais je vous transmets le charme intact de son sourire, croisé au Salon du Livre. S’il nous a d’abord prises pour d’autres, Isabelle et moi, il nous a demandé par la suite, de vous saluer tous. Brigitte

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