TRAFIC DE LECTURES

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Tempête sous un crâne.

vendredi 31 octobre 2008, par Stéphane

À propos d’un livre de Nicolas Bouyssi.

J’ai lu « En plein vent » il y a quelque temps. Ce qui fait le charme du livre c’est son originalité. (Certes, c’est un peu léger comme argument mais là, j’ai que ça en boutique.) C’est cette sorte d’existence dans la parenthèse, aux multiples questionnements, dans un univers et une écriture assez poétique.

Fragments.

P.28 : « Quand je suis chez moi il y a ces brefs moments où je ne supporte plus la lumière extérieure. Le sang me monte à la tête, les veines de mes tempes se mettent à palpiter. Je tire alors le rideau rouge de la pièce où je vaque. Je prend garde à ce que les vis de la tringle ne s’arrachent pas de leur cheville. Puis je règle l’halogène à son minimum, et je m’affaisse dans mon fauteuil. Il est devenu fréquent que ma vision devienne aqueuse, que des images s’interposent entre mes yeux et ce qu’ils voient. De façon récurrente, je me sens envoûté. J’ignore quand et comment va finir cet instant. Les autres données du problème sont plus étranges. »

P.139 : « Je pense bien trop souvent aux circonvolutions de ma cervelle. Je n’ai pourtant aucun respect inné ou préconstruit pour moi-même. »

Et puis, il y a Marthe. P.67 : « Marthe était une femme atmosphérique. Elle vous changeait tout une ambiance en un instant. »

Tout comme Brigitte (sur qui je compte pour vous en dire davantage) je vous encourage à découvrir l’auteur.

P.O.L. 15 euros.

1 Message

  • Tempête sous un crâne.

    1er novembre 2008 19:01, par Brigitte
    Puisque mes lectures de Nicolas Bouyssi sont toutes fraîches, je vais essayer de vous en dire un peu plus. Les personnages de Nicolas Bouyssi sont toujours en décalage avec la vie ordinaire, non par obligation mais par choix : ils font un pas de côté pour chercher un sens à leur vie, se créent effectivement des parenthèses durant lesquelles ils vont disséquer leurs relations antérieures, explorer leur mode de vie passé, regarder le cynisme de notre monde, ou, comme dans "Le Gris", chercher une idée. "Le gris", c’est l’histoire d’un mec qui quitte sa compagne, son boulot, s’installe dans un appartement muré d’une cité désaffectée et essaie d’y survivre. Pour cela, il se retrouve embringué dans des opérations commandos visant à délester les livreurs qui viennent achalander les rayons de supermarchés. Evidemment, ce genre de Robin des Bois se retrouvent avec des cargaisons entières de serviettes hygiéniques ou de laitues, ce qui ne nourrit vraiment les ventres creux. Petit à petit, leurs grandes idées militantes et généreuses dégénèrent et virent à la violence. Le héros tente de s’en extraire, ce qui n’est pas si simple, mais ce qui le tient c’est la perspective de retrouver une fille... " En plein vent" est le récit d’une errance volontaire de 4 jours que s’impose le narrateur, pour mieux mettre en scène son retour dans l’appartement où il a enfermé Marthe et où il a invité des copains...Bien sûr, là aussi, la situation ne tourne pas à son avantage, comme tous les z’urbains il se perd en forêt où il tourne en rond, fantasme sur un bas égaré, est sérieusement dérangé par des frites trop grasses que lui a fait manger une diseuse de "bonne aventure", ne trouve pas ce qu’il était venu chercher... Nicolas Bouyssi, qui semble également très engagé dans la création artistique (il collabore entre autre au journal Particules et au site internet de Beaubourg), fait défiler de belles images dans la tête du lecteur ; ses deux livres sont très cinématographiques, ce sont des sortes de road movies dans nos paysages a priori les plus "laids" (banlieues, zones commerciales, hôtels d’autoroutes), donc c’est plutôt gris, mais y scintillent quand même quelques néons d’espoir, quelques marges de liberté, au moins celle de penser le monde ; ce n’est déjà pas si mal... Brigitte

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